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Client : Commune de Schaerbeek
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Adresse : 94 rue Gallait à Schaerbeek
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Surface : 1900 m2
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Cout : 466000Ç
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Livraison : Réceptionné définitivement en 2016
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L’observation du site…
(La trame du parcellaire caractéristique du quartier et de l’histoire de ces îlots, la poétique et les qualités spatiales des structures industrielles, les potentialités d’usages des grands espaces libres et couverts…)

… et l’observation des contraintes budgétaires…
(Le budget démolition représentant un quart du montant global, le budget des aménagements extérieurs est limité si l’on considère que l’architecture représente 220m2 à 1500 euros soit 330000 euros sur 347000 euros d’aménagements au total)

nous on fait réfléchir à des stratégies d’intervention limitant les démolitions et laissant possible l’appropriation des structures bâties valorisables, permettant ainsi de libérer du budget pour les aménagements tout en réfléchissant à la stimulation des initiatives de participation à la construction du site

Une étude complète, menée avec l’apport de l’asbl ROTOR en sous-traitance, nous a amenés à définir :
- la limitation des démolitions, au delà des démontages incontournables ; et une valorisation in situ des matériaux démontés (remblais, réemploi, stockage pour éviter les évacuations inutiles)
- une protection des structures métalliques industrielles maintenues contre les intempéries et une stratégie de gestion des sols pollués
- les modalités de participation citoyenne permettant de stimuler les initiatives, d’intéresser des asbl à devenir partenaires, et de valoriser les matériaux démontés via des chantiers citoyens

Le projet s’inspirait de la démarche de Patrick Bouchain
Finalement, les problèmes juridiques liés au réemploi on fragilisé le projet, et la faillite de la première entreprise désignée pour exécuter le marché a modifié considérablement le planning et détricoté les liens crées avec les premiers partenaires. Le site aménagé a été confié en gestion à une école pour ses pratiques en horticulture, il a perdu son caractère public.

Extraits de « Construire autrement, comment faire », Patrick Bouchain, éditions Actes Sud, coll. L’impensé, 2006

« Ne pas agir mais transformer
(…) Je me suis demandé s’il était possible de construire moins, d’en faire moins et que ce « moins » entraîne « plus » de plaisir. Pour cela, il faut observer la situation dans laquelle on se trouve, profiter de ce que l’on appelle le « concours de circonstances », écarter le plus possible les modèles dévastateurs en architecture, car ils correspondent très rarement à la situation réelle, et mettre toute son énergie dans l’expérimentation de la situation et non dans l’application forcée du modèle. (…)

Emmener et faire vivre dans le temps, vivre avec l’ouvrage
Nos prédécesseurs ont laissé au cours du temps énormément de choses, des outils, des constructions, des plantes… De cet ensemble qui constitue notre patrimoine, on ne veut en général conserver que des morceaux spectaculaires, entiers, reconnaissables, et on oublie tout ce qui pourrait être du petit patrimoine, alors que le grand patrimoine n’est que l’émergence magnifique et spectaculaire du petit qui lui permet de tenir. De plus, on ignore ce qui, plus tard, va être reconnu comme patrimonial – il y a souvent une forte part de hasard (…)
Pendant le temps de la construction, la personne qui conçoit un bâtiment le transmet à la personne qui construit, et elle-même à celle qui va s’en servir. Puis la personne qui s’en sert va le transformer à son tour, et l’emmène dans l’histoire. C’est ça le patrimoine. (…)

Interpréter
Il est très difficile de laisser venir le non-voulu dans un projet. Cela peut néanmoins arriver si les documents indiquent le sens et non la forme de la construction. Une esquisse, une maquette, un dessin de principe, une estimation indiquant le temps de travail plus que la quantité de matière… On peut aussi transmettre un dessin fait à la main, plus proche de la main de l’homme qui réalise. (…)
Tout mon travail est d’introduire l’interprétation, le non-voulu et l’inattendu dans la réalisation d’un projet, et cela au moment du chantier, car l’architecture n’existe que quand elle est matérialisée par sa construction. Avant elle est image. (…)
Le problème, c’est qu’il faut tout le temps être là, comme un chef d’orchestre qui doit assister aux répétitions et ne pas se contenter de diriger la représentation. (…)
Plus que du désordre, l’interprétation crée de l’harmonie, une sorte d’indépendance et d’autonomie. Chacun trouve et prend sa place et c’est petit à petit la constitution de ces personnalités diverses qui, concourant toutes vers un objet à produire, coopèrent. Cette coopération crée du lien, et l’interprétation rapproche les gens parce qu’il y a le risque que ça ne marche pas.

Dans un ouvrage fondamental, L’Homme et la Matière, André Leroy-Gourhan écrit que « la grande héroïne de l’humanité, c’est la main » : c’est la pensée qui donne l’impulsion à la main, mais c’est la main qui agit, matérialise l’expression de la pensée, transforme les choses et façonne le monde. (…) »